Ce film est inspiré de mes nombreux voyages au Zaïre et en République démocratique du Congo, depuis aujourd'hui 15 ans. Il est nourri de ces séjours, de ces rencontres, de ces découvertes, de cet étonnement, de ce désespoir souvent, de ces espérances parfois, que j'ai vécu au cœur de ce pays. Mais je me suis aussi nourri d'innombrables lectures, essais, contes philosophiques, romans, récits de voyages, reportages journalistiques, dont je n'ai cessé de m’imprégner. Il est le fruit également de ces innombrables dialogues que j'ai pu entretenir durant toutes ces années avec des amis très chers, européens et congolais, particulièrement engagés pour la cause de cette région du monde.
Voici maintenant plus de 10 ans, après avoir réalisé "Zaïre, le cycle du serpent", je préparais un ambitieux projet cinématographique sur les trois régions clés du Congo-Zaïre : Kinshasa et le monde des affaires et de la diplomatie, le Haut Zaïre et principalement Kisangani et le monde des forestiers, colons et missionnaires, et enfin le Shaba avec Lubumbashi et Kolwezi pour le monde minier et industriel. Ce projet pour lequel j'avais effectué de longs repérages à travers l'ensemble du territoire zaïrois n'a pu aboutir car, arrêté par les services de sécurité du président Mobutu et mon matériel saisi, j'ai été expulsé de ce pays pour "activité suspecte et intelligence pour le compte d'une puissance étrangère". N'ayant pu concrétiser cette série et ce film à l'époque, j'avais, grâce à mes précieuses images de repérage tournées en HI8, réalisé un documentaire de 60 minutes, "Les derniers colons". Et ce n'est qu'après la défaite politique et militaire du président Mobutu et son exil au Maroc que j'ai pu enfin retourner au Zaïre, devenu entre-temps Congo, et réaliser un nouveau film "Mobutu, roi du Zaïre".
« Congo River » est une nouvelle concrétisation, 10 ans plus tard, de ce rêve cinématographique. Une page de l'histoire est définitivement tournée, celle du mobutisme et celle du post-mobutisme, concrétisée à travers la personne du président Laurent Désiré Kabila. Il y a aujourd'hui une volonté, à travers l'ensemble du territoire congolais, de préserver l'unité et la cohérence de cet immense pays. L'espoir est enfin permis d'une reconstruction, de la fin des temps de haine et de violence. Ce n'est pas un hasard si j'ai réalisé ce film alors même qu'un accord de paix s'est concrétisé et que les grandes organisations internationales redonnent désormais confiance en l'avenir de ce pays, à la veille des premières élections démocratiques depuis l'indépendance.
Je cherche, depuis quelque temps déjà, comment aborder l'Afrique dans son intemporalité et dans son universalité, comment parler de ce continent tout à la fois au passé, au présent et au futur, comment filmer ces paysages et ces hommes, au plus profond de leur culture et de leur tradition. Je souhaite capter et transmettre ce qui fait le bonheur, mais aussi le tragique de ce continent, exprimer ce que cette région du monde peut transmettre aux autres cultures et aux autres civilisations comme valeurs fondatrices, en termes d'échange et de dialogue, dans cette relation du donner et du recevoir qui est la base de toute relation humaine.
Et même si l’Afrique a accumulé un retard technologique considérable dans la course au développement et au profit, dominée par les oligarchies financières, en termes de culture, de mode de vie, de célébration de la vie et de respect de la mort, l'Afrique a encore bien des choses à nous offrir. Et si Stanley, explorateur mercenaire au service des puissances royales et impériales de l'époque coloniale, s'est enfoncé au cœur de ce continent pour y imposer la poigne de fer du joug colonial, d'autres, comme Livingstone, ont été aspirés par ce continent dans une quête personnelle et existentielle, dans une ivresse mystique qui les a conduits à la mort.
C'est sur les traces des uns et des autres que je partirai sur le grand fleuve, pour mieux comprendre ce continent noir aujourd'hui oublié des grands courants médiatiques et le plus souvent réduit à ces images exotiques de la faune, de la flore ou encore à ces autres images de massacres, de rebellions et de guerres interethniques qui font parfois la « Une » des journaux télévisés. Même si "…après le 11 septembre, il importe que l'ordre règne dans les banlieues du monde, et les puissances – Etats-Unis, France, Grande-Bretagne – s'y emploient. Mais si les rôles ont été redistribués, si de nouveaux acteurs sont apparus, les ambitions demeurent, et les intérêts des populations continuent à passer au second plan. Le destin de cette région convoitée est exemplaire d'une configuration désormais planétaire" (1).
Dans ce cheminement, dans cette découverte progressive, vers laquelle ce voyage va m'entraîner, de voisinage en voisinage, d’étape en étape, j'essayerai de voir, d'écouter, de m'émouvoir et de réfléchir, dans les deux sens philosophique et optique du terme réflexion,. Remontant vers la source du fleuve et vers les origines de ce pays continent, je compte entraîner le spectateur sur ce chemin initiatique qui, bien au-delà de la réalité contemporaine de l'Afrique et de l'histoire de ce pays, nous permettra d'intégrer à notre imaginaire, cette part de l'histoire des hommes, de l'histoire du monde.
De cette manière, en une décennie, après avoir filmé, avec "Zaïre le cycle du serpent", un moment de l'histoire du Congo-Zaïre prise dans les filets de la dictature et du parti unique, après avoir réalisé avec « Mobutu, roi du Zaïre » le portrait d'un homme qui, se croyant un demi-dieu, avait confondu son pays et sa personne, aujourd'hui, avec ce nouveau projet, je désire remonter encore davantage dans les profondeurs de ce pays, de sa forêt équatoriale et dans le temps de l'histoire d'un fleuve millénaire.
Aujourd'hui, un fragile accord de paix a permis la réunification du Congo et l'ouverture des voies de communications dont principalement le fleuve, seule voie d’accès à de nombreuses régions et véritable poumon par lequel la vie économique, politique et culturelle va pouvoir reprendre. L'heure est à l'unification du pays et à la reconstruction. C'est ce moment charnière, cette période d'espoir pour tous les congolais que je souhaite filmer durant les prochains mois.
Au cœur de ce pays, les routes construites à l'époque coloniale ont été depuis longtemps reprises par la forêt. Seuls subsistent ces réseaux de rivières et de fleuves ramifiés à l'infini et qu'aucun homme ne peut détruire. Les africains empruntent ces rivières depuis des milliers d'années, des générations se sont succédées sur le bord du fleuve, des cultures archaïques y sont nées parfois pour s'y évanouir définitivement il y a quelques centaines d'années, laissant les régions complètement envahies par la forêt sauvage.
Seul le fleuve peut nous tirer de ce monde d'obscurité et de stagnation. Seul le fleuve peut nous entraîner vers la lumière, vers l'espace, toujours plus loin, vers la mer. Seul le fleuve nous apporte cette paix des corps et des esprits, seul le fleuve nous sort de cet enfer, de ce chaos. Seul le fleuve nous donne un rythme, un sens à la création, un chemin, un itinéraire, une quête.
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